Une vingtaine de chefs d’État ou de gouvernement se rendent à Brest aujourd’hui et pendant deux jours pour le One Ocean Summit. L’idée de cet événement, qui s’inscrit dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, est de proposer un point de jonction entre sciences, culture, éducation, aires marines protégées, mais aussi « économie bleue », un terme dont la définition et la vision est sujet à caution.
L’océan est ainsi envisagé à la fois comme un milieu essentiel et fragile qu’il convient de protéger de l’action humaine, mais aussi comme une ressource riche d’intérêt géopolitiques est financiers. Ainsi, chez les scientifiques aussi, les avis divergent quant à l’attitude à tenir sur la question de l’exploitation minière des fonds marins. Pour Françoise Gaill, directrice de recherche émérite et conseillère à la direction générale du CNRS, il est primordial de « favoriser l’exploration des grands fonds, tant pour la découverte de nouvelles interactions d’espèces (…) que pour l’obtention de leur cartographie géographique, génétique ou énergétique. » (1). Cependant, pour Chris Bowler, directeur de recherche au CNRS et responsable du laboratoire génomique des plantes et des algues à l’École normale supérieure, il trouve « déraisonnable cette ambition d’exploiter les ressources minières » des fonds marins. Il rappelle également que « certaines ONG craignent justement que le sommet de Brest ne puisse favoriser leur exploitation. » (1)
L’algue alimentaire : une ressource pour un changement de modèle ?
S’il on ajoute à ce péril l’actuelle pollution plastique des océans, le constat dressé devient alarmant. Et en effet, ce ne sont pas moins de onze millions de tonnes de plastiques qui sont rejetées chaque année dans les mers et ingérés par la faune avant de se retrouver dans… nos assiettes. Selon le WWF, les humains consommeraient 5g de microplastiques par semaine, soit l’équivalent d’une carte bancaire.
Pourtant, l’humanité a bien conscience de ce qu’elle doit à l’océan. 50 % de l’oxygène disponible sur terre provient de la mer. 50 % de la population mondiale vit à moins de 100 km de côtes et 3.5 milliards d’êtres humains sont nourris par les océans.
Ainsi, les algues pourraient bien se présenter comme un atout pour répondre à ces différents enjeux. A la fois ressource économique, alimentaire, mais également écologique avec sa capacité à capter le CO₂. Ce consensus devrait être évoqué lors de ces trois jours de forums et d’ateliers qui peuvent être suivis en direct sur Internet, après inscription, sur le site : http://oneoceansummit.fr/
(1) Le Figaro : mercredi 9 février 2022 – page 10