Les algues : un investissement d’avenir ?

Alors que leurs objectifs initiaux diffèrent, de plus en plus de scientifiques et de financiers se rejoignent autour d’un discours commun incitant à la culture des algues, notamment en Europe. Leur union a pour objectif final de convaincre de futurs porteurs de projets pour que la filière continue de se développer.

La production d’algues a explosé. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, entre 2010 et 2020, les volumes de production d’algues ont doublé, dépassant les 35 millions de tonnes par an. Le marché est estimé aujourd’hui à plus de 5,7 milliards d’euros dans le monde.

Mais la culture des algues vient majoritairement d’Asie, où la production est établie de longue date. La consommation alimentaire y est courante et le volume de production suffisamment constant pour que des entreprises puissent s’approvisionner en continu d’une année sur l’autre.

Si l’exemple asiatique inspire l’Europe, le modèle envisagé par les acteurs actuels de la filière a sa propre identité. Pour Vincent Doumeizel, conseiller pour les océans à l’Organisation Mondial des Nations Unis (ONU) : « Il convient de développer une algoculture raisonnée pour ne pas reproduire en mer les mêmes erreurs commises sur terre. » Mais celui qui est également directeur des programmes agroalimentaires à la fondation Lloyd’s Register de Londres, se veut positif et rappelle l’importance du gisement que constitue l’océan qui « couvre 70% de la surface du globe et fournit moins de 3% des besoins alimentaires en calories. »

Encourager l’investissement

Une proposition a été faite par l’ONU aux entreprises afin qu’elles adoptent des règles encourageant le changement de comportement sur les volets écologiques et sociaux. Il s’agit du Pacte mondial ou Global Compact en anglais. Vincent Doumeizel, médiatique ambassadeur de la filière algues depuis plusieurs mois, travaille à cette proposition et soutient : « Ma mission est de mobiliser les différents acteurs du secteur des algues et de lancer des projets pour développer la culture ».

Il est l’auteur d’un livre paru en janvier dernier intitulé « La révolution des algues » (Ed. Equateurs). C’est également lui qui signe l’avant-propos d’un rapport paru en septembre dernier intitulé : « Seaweed as a nature-based climate solution », que l’on pourrait traduire par « Les Algues : une solution naturelle contre le dérèglement climatique ». Ce document est le fruit du travail commun d’experts universitaires, de responsables d’entreprises et d’organisations non gouvernementales, réunis pour échanger et réfléchir sur le potentiel de l’algue marine. Comme l’indique le titre du rapport, l’accent est mis sur l’algue comme « puits de carbone pour atténuer le changement climatique ».

Inciter les initiatives privées

Une autre initiative présente les mêmes arguments et des infographies comparables. Il s’agit de « Seaweed for Europe », un regroupement de diverses entreprises productrices ou transformatrices d’algues, d’associations et d’établissements financiers parmi lesquels on trouve en première ligne SYSTEMIQ, une entreprise londonienne de consulting en stratégie commerciale. Ensemble, ils ont créé un site Internet « boîte à outils » pour inciter à l’installation de nouveaux cultivateurs d’algues en Europe, favoriser l’investissement en capital et ainsi dynamiser la filière.

Ce site est une intéressante première étape dans l’exploration de la filière algues. Parmi les ressources disponibles, se trouvent des infographies, des évaluations du marché, des brochures pratiques comme un mémo pour les investisseurs. On trouvera également sur ce site une carte indiquant le délai d’octroi des licences spécifiques par pays et contrairement aux idées reçues, l’obtention de la licence en France peut être relativement rapide en comparaison d’autres pays tels que la Norvège, l’Écosse, l’Angleterre ou encore l’Irlande. En effet, alors que l’obtention de la licence en France est supérieure à 8 mois (ce minimum pouvant afficher des délais très variables en fonction de procédures à rajouter), les autres pays affichent un délai d’obtention entre 18 et 24 mois.

A la lecture de ces documents, chacun sera convaincu de l’intérêt d’investir massivement dans la « filière algues » pour des raisons à la fois écologique (ressource naturelle, rendant de nombreux services écosystémiques), alimentaire (une réponse à l’augmentation démographique dans les pays côtiers les plus pauvres et à la demande en produit local dans les pays côtiers les plus riches) et sociale (participant à la création d’emplois).

Mais au-delà de ces louables intentions, ces sources se veulent également pragmatiques du point de vue de la rentabilité économique. Elles détaillent la chaîne de valeur, le niveau de maturité commerciale et les investissements déjà réalisés. On apprend ainsi que le montant global investi dans les entreprises d’algues a été multiplié par 24 entre 2010 et 2020, passant de moins de 900k€ par an en 2010 à plus à 21,6 M€ en 2020. Ou encore que les entreprises d’algues sont toujours évaluées à des prix relativement bas par rapport aux industries comparables.
Reste désormais à savoir si ces arguments seront entendus par les investisseurs dans les années à venir.

Source : S4E-InvestorMemo-MainReport-16OCTOBER2021.pdf (seaweedeurope.com)

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